Dans le cadre du suivi des interventions appuyées par Solsoc au Burundi, Amadou Kane, chargé du partenariat pour le pays, a effectué le 06 août 2025 une mission de terrain dans la région de Kirimiro. Cette mission avait pour objectif de constater les progrès réalisés par les bénéficiaires du programme Travail décent, mis en œuvre par l’ADISCO et l’UHACOM dans cette région, et d’échanger directement avec les membres sur les défis rencontrés et les perspectives d’avenir.
De la transformation de farine à la mise en place d’infrastructures de stockage, en passant par la consolidation du dialogue social au sein des communautés, les initiatives visitées témoignent d’un impact tangible sur la sécurité alimentaire, l’autonomisation des femmes et l’organisation du travail rural. À travers les récits de Turamirize, Terujimbere et Tuvemubuja, c’est toute la vitalité de l’économie sociale et solidaire qui se donne à voir une dynamique portée par les communautés elles-mêmes.
Turamirize : relancer la production et renforcer l’autonomie des femmes
Dans l’ancienne commune de Rutegama, la coopérative Turamirize s’est spécialisée dans la transformation de farine complète. Après une période d’inactivité, c’est grâce au soutien du programme Travail décent – appui technique, matériel et conseil – que la production a pu reprendre. « Les membres n’avaient plus de vision, certains étaient découragés. Grâce à l’appui-conseil, nous avons relancé notre activité », témoigne Stéphanie Siboniyo, leader du groupement.
Les effets sont visibles : la production, autrefois limitée à 100 kg par jour, atteint aujourd’hui 500 kg grâce à l’installation d’un torréfacteur manuel, de nouveaux locaux et une amélioration des conditions d’hygiène. La farine produite contribue à la lutte contre la malnutrition dans la région.

Les effets sont visibles : la production, autrefois limitée à 100 kg par jour, atteint aujourd’hui 500 kg grâce à l’installation d’un torréfacteur manuel, de nouveaux locaux et une amélioration des conditions d’hygiène. La farine produite contribue à la lutte contre la malnutrition dans la région. Mais Turamirize va plus loin. Les femmes membres, désormais mieux structurées et encouragées à innover, testent la fabrication de biscuits – un projet prometteur, freiné toutefois par le manque d’électricité et de capitaux pour un passage à l’échelle.
Malgré ces obstacles, la dynamique est relancée, et les femmes prennent progressivement leur place en tant qu’actrices économiques.
Terujimbere : sécuriser les récoltes et ouvrir le dialogue
À quelques kilomètres, dans la même région de Kirimiro, la coopérative Terujimbere a aussi bénéficié d’un appui matériel : de nouvelles étagères ont été installées dans son hangar. Avant cela, les récoltes étaient stockées à même le sol, exposées aux rongeurs, à l’humidité et à la perte. « Avant, les gens craignaient de stocker leurs récoltes à cause des rats et de la détérioration. Aujourd’hui, chacun peut déposer et retirer sa production dans de bonnes conditions », explique Nziruhire Jeannine, présidente de la coopérative.
Mais cet appui va au-delà du stockage. Terujimbere est devenue un espace de dialogue social, en particulier autour du rôle économique des femmes. Grâce à des séances de renforcement du leadership féminin et à des rencontres mixtes organisées avec les maris, un véritable changement s’opère. Des tensions conjugales ont diminué, la parole circule davantage, et les femmes sont mieux intégrées dans la prise de décision.

Tuvemubuja : un nouveau bâtiment pour de nouveaux services
La troisième étape de la mission a mené à la coopérative Tuvemubuja, située dans l’ancienne commune de Bukirasazi. Jusqu’à récemment, ses membres faisaient face à un problème majeur : l’absence de locaux. Leur récolte – parfois jusqu’à 50 tonnes – était stockée dans une petite maison louée sur le marché local, au risque d’être endommagée.

Aujourd’hui, un nouveau bâtiment est en construction, grâce à l’appui du programme. Il permettra non seulement de mieux stocker la production, mais aussi d’offrir de nouveaux services à la communauté. « Parfois, nous étions obligés de refuser des récoltes faute de place », confie Venant Bacinoni, représentant de la coopérative, visiblement soulagé. La construction, collective, mobilise activement les membres de la coopérative, preuve de leur engagement et de leur volonté de pérenniser le projet.
Partout où il est passé, Amadou Kane a salué l’engagement des coopératives visitées. À travers ces trois exemples concrets, la mission a permis de mesurer l’impact positif du programme Travail décent, mais aussi les leviers à renforcer pour soutenir efficacement l’élan de ces coopératives.