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Quel modèle d’agriculture faut-il pour le Burundi?

C’est la principale question de réflexion qui a fait objet de l’atelier de restitution de l’étude sur la plus-value de l’agriculture familiale et l’agriculture commerciale au Burundi organisé par l’association ADIP en collaboration avec ADISCO, INADES et UHACOM dans les enceintes de l’hôtel Royal Palace le jeudi 21 septembre 2023. L’étude révèle les pistes d’accompagnement de l’agriculture au Burundi.

Cette étude a été commanditée dans l’objectif de porter à la réflexion et dans l’opérationnalisation la voie des agricultures familiales pour expliciter leurs arguments et les mettre en comparaison avec celles du gouvernement du Burundi à travers ses documents notamment le DOPEAE et très récemment le COMPACT. L’agriculture qui, selon Charles Nahimana, Président du GPA, occupe 85% de la population et fournit la quasi exclusivité des aliments qui nourrissent le pays. Ces aliments étant assurés pour la très grande majorité par l’agriculture familiale paysanne sur de petites parcelles qui varient de moins de 0.5 ha à quelques hectares, a-t-il souligné.

Apprendre des succès et échecs d’autres pays

Alors que le Burundi est en train de s’engager vers la construction des agropoles, l’étude s’est inspiré des cas d’autres pays qui ont développé des modèles d’agricultures largement commerciales notamment le Sénégal, le Benin ou encore le Cameroun pour dégager ses propositions. De l’amélioration de la production et la compétitivité des produits sur les marchés nationaux et internationaux, en passant par le développement de l’infrastructure agricole à la création d’emplois, le modèle semble offrir un éventail d’avantages pour l’augmentation des réserves en devises. Mais, l’expérience de ces trois pays interpelle à la vigilance, selon l’étude.

Des échecs non négligeables ont été constatés notamment la concentration des ressources, la marginalisation des petits agriculteurs et la vulnérabilité économique qui se traduit par la production pour l’exportation. « Les ressources ordinairement consacrées à la satisfaction des besoins locaux sont détournées vers l’exportation, ce qui rend les agriculteurs vulnérables aux fluctuations des prix internationaux et à la concurrence mondiale », a fait savoir le consultant Monsieur Marius Kouname qui a mené l’étude.

Les modèles de l’agriculture familiale plus durables, ….

Les conclusions de l’étude révèlent que la controverse entre agriculture familiale et agriculture agro industrielle trouve tout son sens au Burundi : 99% des modèles de production agricole sont des modèles familiaux. Toutefois, la rationalité qui se dégage des analyses comparatives indiquent que l’agropole n’est pas incompatible avec l’agriculture familiale.

« L’étude montre que le conflit entre l’agriculture familiale et l’agriculture commerciale, est un faux débat créé de la polarisation et de position. », tranche Deogratias Niyonkuru, Secrétaire General d’ADIP, tout en suggérant de coconstruire des modèles qui permettent les échanges mutuels entre les agricultures les plus commerciales et les agricultures familiales.

Participants à l'atelier
Vue partielle de participants à l’atelier

Alors que certains confondent l’agriculture familiale à l’agriculture de subsistance, Niyonkuru fait savoir que dans chaque modèle de l’agriculture familiale existe un élément commercial. Bien plus, ce modèle permet de maintenir la fertilité des terres (l’agriculture durable) et la limitation de l’usage excessif des intrants chimiques.

« Si on veut arriver à un modèle durable d’agriculture, c’est autour de l’agriculture familiale qu’il faut bâtir. Les échanges qui existent entre l’Agriculture familiale et l’agriculture commerciale permettraient de générer des revenus et relever le niveau de petits agriculteurs pour que la dualité qu’on évoque n’existe plus. Le pays est en train de s’engager dans la construction des agropoles, c’est important que ces agropoles ne soient pas des lieux de concentration de l’agriculture commerciale mais qu’elles puissent plutôt créer des liens avec les petits paysans pour les remorquer vers l’amélioration de leur vie », estime le Secrétaire General d’ADIP.

Signalons que l’atelier a vu la participation de différents acteurs engagés dans le secteur agricole notamment les cadres du ministère ayant dans ses attribution l’agriculture, les parlementaires, les cadres des organisations de producteurs et les cadres des ONG locales et internationales.

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